Julie Debazac (Demain nous appartient / Créanciers, TF1) : « Entre Aurore et William, c’est assez électrique mais ça fait le piment du couple ! »

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Jusqu’au dimanche 19 mars 2023, Julie Debazac incarne Tekla dans la pièce de théâtre Créanciers d’August Strindberg, adaptée et mise en scène par Philippe Calvario. En plus de donner la réplique à ce dernier, la comédienne partage l’affiche avec Benjamin Baroche (Teyssier dans Ici tout commence). Pour Toutelatele, l’interprète d’Aurore Jacob dans Demain nous appartient sur TF1 en dit plus.

Valentin Delepaul : Dans Créanciers, vous incarnez Tekla, une actrice de plus en plus aspirée par le cinéma et qui se désintéresse des mises en scène de Al, son mari (Philippe Calvario). Celui-ci se fait manipuler, sans le savoir, par Gus (Benjamin Baroche), l’ex de Tekla. Pourquoi avoir accepté ce rôle, loin de votre personnage d’Aurore Jacob dans Demain nous appartient sur TF1 ?

Julie Debazac : Je fais un grand ola à Philippe Calvario de pouvoir faire cet écart aujourd’hui en France, de pouvoir voir des acteurs dans son poste de télévision et de les amener dans une pièce de Strindberg à la Cartoucherie. Benjamin Baroche et moi avions déjà fait beaucoup de théâtre avant de tourner. On alterne souvent les tournages et le théâtre. Les gens ont peur ou ont une crainte de mélanger des univers, mais merci à Philippe de nous donner la possibilité de nous exprimer à travers cette écriture et ce rôle-là. Pour moi, en tout cas, c’est magnifique et c’est rare.

Cette pièce est une tragi-comédie. Quel genre préférez-vous jouer ?

Je trouve que la tragédie se rapproche aussi de la comédie. C’est le spectre qui est intéressant pour un comédien, c’est-à-dire de pouvoir naviguer d’un espace à l’autre, d’une écriture à l’autre, puisque c’est l’écriture qui nous anime. On peut prendre des directions différentes chaque soir. On a le point de vue de notre metteur en scène, mais il nous laisse cette liberté. On a un cadre très défini, mais on peut avoir beaucoup de liberté avec l’écriture de Strindberg. Pour en revenir à la tragi-comédie, moi, par exemple, dans la vie, aux enterrements ou dès qu’on parle de la mort, je ris. Le rire et les larmes sont très proches en énergie. Un silence ou un endroit où il ne faut absolument pas rire, c’est terrible pour moi. La vie est dure et comique.

« Concernant le théâtre, je ne lâcherai jamais, c’est vital ! »
Les fans de Demain nous appartient ont-ils fait le déplacement pour venir vous voir au théâtre ?

On a eu des gens qui sont venus de toute la France et même de Belgique. Certains n’étaient jamais allés au théâtre.

Par quoi avez-vous été attirée dans le personnage de Tekla ?

Je trouvais très beau l’amour qu’elle a pour son mari : indéfectible, entier et absolu. J’aime également sa lumière, sa fantaisie et sa folie. En tant que comédienne, le but était d’amener cette femme à sa modernité. Malgré tout ce qu’elle reçoit en douleur et en violence, il fallait qu’elle ne soit pas que victime, mais qu’elle soit forte aussi. Une femme moderne et qui reste debout, même si cela reste dramatique. C’est important cette vision de la femme aujourd’hui à travers Strindberg. Par ailleurs, Tekla est entre deux hommes et la place de l’homme reste très compliquée aujourd’hui avec ces difficultés de Me too, des violences dans le couple… Tous les hommes ne sont pas comme ça alors quelle est la place de l’homme aujourd’hui ou la durée d’un couple ? C’est une vraie question en 2023 je trouve. Cette pièce reste extrêmement moderne.

Depuis combien de temps n’étiez-vous pas montée sur scène ?

Depuis que je joue dans Demain nous appartient (2019, NDLR). Vincent Meslet et Sarah Farahmand, les producteurs de Demain nous appartient avant qu’Ici tout commence ne soit créé, sont venus me voir jouer au théâtre dans Sept morts sur ordonnance. Ils m’ont proposé le rôle d’Aurore juste après m’avoir vu joué. Mais je ne pouvais pas le lire, car il n’était pas encore écrit. Il y a donc la difficulté de dire oui sur une longue période à des gens qui sont extrêmement convaincants. C’est très agréable d’avoir senti le désir de Vincent Meslet et Sarah Farahmand de m’avoir sur la quotidienne. Concernant le théâtre, je ne lâcherai jamais. C’est vital.

Est-ce difficile de switcher de personnage entre le tournage de Demain nous appartient à Sète et le théâtre à Vincennes ?

J’ai posé deux mois pour faire les répétitions et jouer la pièce. J’avais besoin aussi de retrouver ma famille située à Paris, avec mes enfants et mon mari. C’était important pour moi de me consacrer uniquement à la pièce. Je retourne dès la fin du mois de mars sur le tournage de Demain nous appartient.

« Aurore est une mère louve dans Demain nous appartient »
Quels sont les points communs entre Tekla dans la pièce et Aurore dans Demain nous appartient ?

La ténacité et l’engagement de mon personnage.

Quels rebondissements attendent Aurore dans Demain nous appartient sur TF1 ?

Je vais retrouver ma famille avec Manon qui va intégrer la police, que je vais serrer fort dans mes bras et surveiller parce qu’Aurore est une mère louve. Je vais retrouver William, mon amour qui me titille un peu, mais c’est assez électrique et c’est cela qui fait le piment du couple. Et puis des enquêtes avec, je l’espère, beaucoup d’action. Je rêverai de sauter d’un pont et atterrir sur un bateau qui va à fond sur le canal et dans la mer, avis aux auteurs. Je pense qu’ils m’ont concocté de belles choses.

Le personnage va-t-il connaître une remise en question sur son métier après notamment l’arrestation de sa belle-mère puis de son beau-frère ?

Non, elle adore son métier. C’est une passionnée. Parfois, elle fait des petites incartades, car il faut bien qu’elle défende sa famille. Mais elle est intègre, et je pense que personne ne pourra la faire dévier de sa route.

Créanciers se joue au théâtre de l’Épée de bois, à Vincennes, du jeudi au samedi à 19 heures et du samedi au dimanche à 14h30 jusqu’au 19 mars. La pièce sera rejouée du 9 novembre au 3 décembre 2023.